A l'aide de mon chien

Comportementaliste spécialisée dans la relation Homme/Chien

article 2


CONDUITE AGRESSIVE CHEZ LE CHIEN


Ce que le comportementaliste appelle « conduite agressive » chez le chien comporte trois phases. Cette conduite est un comportement déclenché pour faire cesser, ou obtenir quelque chose.

Première Phase : la menace

Exécutée pour impressionner l'individu auquel elle est destinée, la menace sert si possible à éviter l'attaque. Le chien se raidit, grogne, montre les dents, son poil se hérisse.
Si la menace n'est pas efficace le chien passe à l'acte.

Deuxième Phase : le passage à l'acte, la morsure.

La menace s'étant avérée inefficace, le chien passe à l'attaque. Il se sert en priorité de ses dents (contrairement au chat). La prise en gueule sera plus ou moins forte, dosée et lâchée en fonction de la réaction de l'adversaire.
Cette morsure n'est pas faite pour tuer, mais pour soumettre. Les signes de soumission servent à faire cesser le combat (en général le deuxième belligérant ne bouge plus).

Il y a cependant deux exceptions à la règle :

1)La morsure délabrante : le chien secoue la tête en tenant fortement sa proie. On peut constater cette réaction après une poursuite.
2)Le dressage au mordant : le chien est conditionné pour ne lâcher sa proie que sur ordre, quels que soient les signes de soumission émis par l'adversaire.

Troisième Phase : l'apaisement

Dès que l'un des combattants se soumet, le vainqueur marque la fin de l'agression en posant sa patte sur lui (dominance) ou en le léchant (apaisement) pour signaler la fin des hostilités.

Cette phase d'apaisement est à l'origine de bien des quiproquos avec les propriétaires qui croient voir dans ce comportement une demande de pardon. Or ce n'est absolument pas le cas. Après une agression le chien peut venir lécher la main qu'il vient de mordre (apaisement), se coucher sur les pieds ou s'asseoir, collé aux jambes de son propriétaire (dominance).

L'agression est induite par plusieurs facteurs :

La hiérarchie, lorsqu'elle est dirigée vers un congénère elle est de type offensif, brutale, bruyante et impressionnante, mais souvent brève. Elle peut également être dirigée vers une personne de la famille humaine pour défendre ou maintenir des privilèges accordés et brutalement retirés.

L'irritation, la douleur, dirigée vers celui qui fait mal, qui dérange. Souvent constatée chez le chien vieillissant, malade ou lors de toilettage douloureux. Ce type d'agression comporte un phase de menace souvent très courte. Elle est en général brève, peu accentuée, et destinée à faire arrêter ce qui fait mal ou dérange.

La peur, souvent mal identifiée par le propriétaire qui ne voit pas d'agression dans le fait de s'approcher soudainement de son chien lorsqu'il mange, ou dort. Ce type d'agression peut avoir des degrés divers, jusqu'au plus extrême pour un chien mal socialisé à l'humain ou à sa propre espèce. Les trois phases sont rendues floues par l'émotion de l'animal qui peut être conduit à une réaction disproportionnée. L'incompréhension, la méconnaissance ou l'inconscience de certains qui poussent des chiens dans leurs derniers retranchements sont à l'origine de blessures graves, parce que provoquées par l'énergie du désespoir de l'animal. L'attaque peut donc être directe et les morsures non contrôlées, souvent sévères et profondes.

L'instrumentalisation, est le résultat d'un apprentissage : soit le « dressage au mordant », soit la constatation par le chien que la morsure est efficace pour obtenir l'arrêt de quelque chose ou que la menace est inefficace dans cette situation là. C'est de loin l'agression la plus dangereuse puisque la phase de menace n'existe plus.
Le dressage « au mordant » devrait être réservé à des chiens de police ou d'armée et effectué par des professionnels habilités. En effet, pour le chien familier, un stress intense peut causer un désordre émotionnel tel qu'il échappe au contrôle de son maître et déclenche une attaque violente « sans prévenir ».

Il existe également d'autres formes d'agressions :
l'agression redirigée, destinée à l'origine vers un individu agressif ou qui fait peur, mais que le chien ne peut atteindre. Il se retourne alors vers l'individu le plus proche de lui (son maître ou un autre congénère),
l'agression maternelle, destinée à protéger sa progéniture,
etc.

Les croyances du type : « un chien qui a mordu, mordra », « s'il a goûté au sang il faut l'abattre », « tous les cockers deviennent fous », « les rottweillers (ou autre race) finissent toujours par mordre », « ils ont ça dans le sang », etc... ne sont justement que des croyances, sans fondement.

Le chien n'est jamais agressif « gratuitement ». Un combat, pouvant induire une blessure, n'est jamais engagé « pour le plaisir ». Il convient de bien analyser les circonstances de l'agression avant de taxer le chien de « folie » et le conduire tout droit chez le vétérinaire pour le faire euthanasier.

Si votre chien, quelle que soit sa taille, présente des comportements agressifs, faites appel à un comportementaliste qui vous aidera à décrypter les messages émis par votre compagnon et vous apportera des solutions personnalisées.


Christine Jégu
Comportementaliste Homme/Chien
Août 2008

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